La tragédie de la bataille de Ménil-sur-Belvitte

Le diaporama sur la tragédie de la bataille de Ménil-sur-Belvitte a été présentée en août 2014, à loccasion du centenaire de la commémoration de cette bataille où 49 Ubayens tombèrent au champ d’honneur, quinze jours à peine , après le départ du 157e RI pour le front d’Alsace puis des Vosges.

 

Texte du diaporama sur l’Ubaye et la tragédie de la bataille de Ménil-sur-Belvitte présenté le 12 septembre 2014 à Barcelonnette.

Diapo 1 : Titre Amicale Ubayenne des Chasseurs Alpins

Diapo 2 : Titre la tragédie de la bataille de Ménil-sur-Belvitte et la vallée de l’Ubaye

Diapo 3 Affiche de la mobilisation et extrait du JMO du 157

Le premier jour de la mobilisation est le dimanche 2 août est fixée au dimanche 2 août. Les réservistes et territoriaux devront se tenir prêts à partir et à se mettre en route après avoir pris connaissance des affiches de mobilisation placardées par la Gendarmerie. » Le 1er bataillon, les 5e et 8e compagnies et la compagnie Hors Rang qui sont à Gap, reçoivent l’ordre de rejoindre immédiatement Espinasses qu’ils atteignent à 3 h le lendemain pour repartir aussitôt d’Espinasses pour le Lauzet où il bivouaque. Dès le 3, ils sont aux Sanières. Le régiment est quasiment en place le 4 août le long de la frontière, assurant sa mission de défense de celle-ci.

Diapo 4 : Carte souvenir du 157e RI. Revenons en Ubaye. Le 157e régiment d’infanterie implanté en Ubaye depuis 1888 partage les garnisons de Lyon et de Barcelonnette. Ce n’est que depuis 1913 qu’il quitte Lyon pour Gap et Barcelonnette.

Les bataillons à tour de rôle passaient six mois à Barcelo et six mois à Lyon ; en été, le trajet se faisait en trois semaines à pied via les Alpes

Diapo 5 le 157e RI à Lyon. A Lyon, le 157e RI stationnait au fort Saint-Jean et à la caserne Serin, au bord de la Saône.

De la diapo 6 à la diapo 8, implantations du 157 en Ubaye. Voici quelques photos du 157e RI en Ubaye.

Diapo 9 : JMO du 15 7. Le 12 août, le 15 7 est prêt. Tous les réservistes ont été équipés et habillés.

Le 13 août, il reçoit l’ordre de rejoindre Chorges soit 42 km à faire à pied en bivouaquant au Lauzet.

Diapo  10 : Photo d’un embarquement dans les années 1910 du 157e RI à Prunières pour rejoindre Lyon.

En 1914, la photo devait être totalement différente avec une foule immense et émue voire en larmes de toutes les familles qui ont pu ainsi dire au revoir aux mobilisés.

Diapo 11 : carte de la région de Mulhouse où l’on peut situer Walheim. Wittersdorf se trouve au sud de Walheim, le 15/7 ayant donc à sa droite le 15/9 qui a subi la plus forte attaque le 19 août 1914, à tel point que le 15/7 a dû protéger sa retraite avec succès.

Diapo 12 : Photo de l’Infanterie en Alsace. Le 157e RI avec les 97e de Chambéry, le 159e de Briançon et le 163e RI de Nice font partie la 44e division, qui, du fait de la neutralité italienne, n’a plus de mission sur les Alpes et est donc mise à la disposition du général en chef, c’est à dire de Joffre. Elle doit renforcer l’attaque sur Mulhouse par le sud. C’est un échec. Le 19 août, l’Ubaye perd ses premiers combattants

En Alsace, le 19 août 1914, l’Ubaye perd ses premiers enfants : 2 à Walheim du 157e RI : Eugène Masse de La Bréole et Calixte Tron de Revel, tous deux du 15/7. Et huit Ubayens du 159e RI à Wittersdorf : Firmin Margaillan et Joseph Reynaud de la Bréole, Ernest Pons des Thuiles, Louis-Jean Bellon de Faucon, Hippolyte Meyssirel de La Condamine, Sébastien André et Alphonse Jourdan de Saint-Paul et enfin Pierre-Léon Donneaud dit Massène de Larche.

Diapo 13 : Carte ancienne détaillée d’Alsace et des Vosges. Revenons à la journée du 23 août.

Voici le trajet en train de la 44e DI du 23 août de Belfort à Saint-Dié puis l’itinéraire à pied (en rouge) pour rejoindre Rambervillers.

Diapo 14 La Bataille de la Mortagne

Poursuivant leur offensive vers le sud, les Allemands tentent de conquérir le col de la Chipotte qui leur permettrait d’atteindre Epinal. La 1re armée du général Dubail (Alsace et Vosges) est en phase défensive et est obligée de continuer le mouvement de retraite. A sa gauche, la seconde armée du général de Castelnau tient ferme autour de Nancy.

Entre le 22 août et le 12 septembre, en Mortagne, 225 000 Français avec les 13, 14,15et 21e corps d’armée, la brigade coloniale et la 44e DI vont faire face à 300 000 Allemand de la VIIe armée du général Heeringens. La région de la Chipotte est montagneuse et boisée. Aussi, les Allemands tentent de passer plus à l’ouest vers Ménil-sur-Belvitte au sud de Baccarat, zone de champs et de cultures. Le 12 septembre au soir, on déplorera la perte de 4 000 Français au cours des combats de Ménil et de la Chipotte appelée la « bataille de la Mortagne » après la guerre.

Diapo 15 : vue du col de la Chipotte, objectif capital de tous ces combats.

Diapo 16 carte en relief de la région de Ménil. Cette carte provient de l’exposition de la guerre de 1914-1918 à Rambervillers.

Diapo 17 : Carte de la région de Ménil. Résumons les actions.

24 août : jour de repos à l’arrivée en gare de SaintDié. :25 août, départ à pied vers Rambervillers et Bru.

:26 août ordre pour le 1er et le 3e de se porter vers le bois de Hertemeuche puis sur Ménil. Ils ne peuvent déboucher du bois à cause de l’artillerie. A 9 h, ils rejoignent Bru.

Le 2e bataillon est en renfort à l’arrière. Le 4e occupe le plateau au sud-est du bois d’Anglemont.Le 27, le 1er reçoit à nouveau l’ordre de déboucher du bois de Hertemeuche. Pas de succès, à midi il reste sur le plateau

Le 4e bataillon à partir du bois d’Anglemont attaque à la baïonnette dans la nuit et les unités de tête arrivent aux lisières sud de Ménil. Mais le 28 au petit matin, forte contre-attaque allemande, après un tir d’artillerie provenant des bois au nord-est de Ménil. Non soutenu par l’arrière et de tirs d’artillerie amis, le 15/7 est obligé de se replier et le 4e bataillon, est obligé de parcourir un glacis d’environ 1500 m entièrement à découvert et subit de très lourdes pertes.

Diapo 18 : Une reconstitution de l’attaque à l’intérieur de Ménil

Diapo 19 : vue des bois à l’est de Ménil C’est de là sur le plateau de Sainte-Barbe que tirait l’artillerie allemande. En lisière du bois et au nord de la Chipotte.

Diapo 20 Le JMO du 15 7 du 28 août.  Voici le passage du JMO sur ces tragiques combats. Avec à gauche le bilan des pertes soit 704 hommes qui ne reviennent pas au sein du régiment  : « A 5 h du matin, les 1er et 4e bataillons sont attaqués dans Ménil par une contre-attaque allemande. Le 4e bataillon se porte à l’attaque du plateau de Ménil. Les 1re et 4e compagnies défendent la lisière du village. Les 2e et 3e compagnies occupent en arrière de Ménil une position de repli. L’ennemi attaque en force, environ deux régiments. Les sections de mitrailleuses des bataillons peuvent se mettre en position et ouvrent un feu nourri sur les colonnes ennemies, mais bientôt le 4e bataillon puis le 1er sont obligés de battre en retraite n’étant pas soutenus par l’arrière. Les 2e et 3e compagnies couvrent leur retraite mais elles sont obligées à leur tour de se replier à la lisière du bois. Le retrait des bataillons s’est opéré sur un glacis d’environ 1500 à 2000 m sous le feu de l’artillerie allemande, les bataillons subissant des pertes importantes. » Voilà le déroulement de cette terrible et sanglante journée.

À gauche, le bilan des pertes : 21 tués récupérés, 85 blessés mais hélas 598 disparus. Ces 598 disparus sont soit décédés, soit gisant blessés sur place soit déjà prisonniers des Allemands. Pour le régiment c’est une catastrophe. Ce sera d’ailleurs la journée la plus meurtrière de toute la guerre du régiment et ce n’est que la 5e journée de combat du régiment, non encoure rodé aux péripéties du combat.

Diapo 21 : Photo du terrain actuel. Vue actuelle du terrain que les combattants du 15/7 ont sans doute parcouru pour se replier.

Au fond, Ménil et devant ce beau champ labouré, c’est le terrain de parcours de la terrible retraite afin de rejoindre à droite, le bois protecteur d’Hertemeuche. Un siècle après, le terrain n’a guère changé.

Diapo 22 et 23 : vue de Ménil après les combats Une vue du village pendant les combats.

Diapo 24 : L’abbé Collé curé de Ménil de 1908 à 1943 et Maurice Barrès, député des Vosges. L’abbé Collé est l’homme providentiel que toute l’Ubaye va connaître et admirer tant il s’est donné pour soulager toutes les familles meurtries en s’occupant d’abord des blessé, puis de tous les tués qui deviennent peu à peu ses enfants.

Pendant ces quatre années de guerre, il va s’occuper des défunts et de leur mémoire en créant des cimetières en faisant faire des drapeaux en 1915 puis en 1918 par les communes touchées par ces drames, en faisant construire un mémorial à la gloire de l’infanterie alpine inauguré en 1927 en face de la nécropole qu’il a su maintenir à Ménil.

Diapo 25 : Bulletin de SainteCécile. Le bulletin mensuel du patronage des jeunes filles de Barcelonnette parait dès 1907 jusqu’en 1919. L’abbé Pelissier de 1914 à 1919 y relatera 53 séries d’extraits de lettres témoignages émouvants de poilus ou de prisonniers…

Diapo 26 : Témoignage de l’abbé Collé : Grâce à ce bulletin, on sait ce qui s’est passé ce 28 août. A la demande de l’abbé Pelissier, L’abbé Collé raconte sa version des faits en janvier 1915.

« Le 157e s’est battu à deux pas de chez moi. Arrivé le 27 août vers 08 h du soir, il se loge dans la partie sud-ouest du village dans les maisons non encore incendiées et sur le plateau voisin au sud-est. Les Allemands peuvent facilement observer ses mouvements. Ils sont là depuis le 25 au soir et ils y sont fortement établis dans leurs tranchées. Le 1er bataillon et sa 1re compagnie vont se poster au nord du village et le 4e bataillon occupe tout le plateau et, je le répète, la moitié du village au sud-ouest. Ce même 28, je fus conduit à François de Bavière qui fut courtois et voulut bien me laisser revenir. A l’aller et au retour, je m’étais facilement rendu facilement compte des positions ennemies et de leurs forces, et je n’avais pas eu les yeux bandés, grâce à mes protestations.

Après avoir relevé des blessés du 25 (c’est du 27 août que je parle), je rentre au village et je rencontre nos Chasseurs Alpins allant d’une allure décidée à la boucherie. Ils furent assez heureux de m’entendre et bientôt notre artillerie crachait la mort dans les tranchées allemandes.

Pourquoi alors, le soir de ce 27, ne vis-je personne du 157ème pour les avertir du danger d’aller se reposer dans le nid des Allemands ? Pourquoi ? Mais nul ne fut consulté et le 28 dès 6 h du matin, au plateau et ailleurs, ce fut, en une demi-heure, une tempête de fer et de feu. Beaucoup furent tués. 200 environ : plusieurs centaines de blessés furent amenés dans nos ambulances et les autres dirigés sur l’arrière allemand comme prisonniers. Nous perdîmes un commandant (Commandant Baille), un capitaine plusieurs lieutenants. Mais de leur côté, les Allemands perdirent leur colonel grièvement blessé qui mourut le 29 et un capitaine que j’eus à soigner chez moi et dont la présence me servit beaucoup. Le champ de bataille qui est sous mes yeux était douloureux à voir et les victimes en furent inhumées très hâtivement. Et très difficilement, la canonnade était incessante de nuit comme de jour.

Après le départ des Allemands, le 12 septembre, une commission fut chargée d’ensevelir les morts qui ne l’étaient pas encore à certains endroits, surtout dans les bois et  enfin le mois de novembre fut occupé par les travaux d’identification. Presque tous nos soldats du 157e ont leur tombe spéciale et ne peuvent s’égarer et les familles peuvent avoir confiance, je les leur garde avec amour et fierté. Depuis septembre, j’ai fait un musée commémoratif de ces dix-neuf jours et le 157 y a sa place d’honneur. Le 2 novembre, cérémonie funèbre qui eût lieu au milieu des tombes du 157e en présence du 357e et du Lt-Col de Susbielle ! J’ai dit le principal, je crois, vous vous en contenterez.

                                                                                                          Abbé Alphonse Collé. »

Diapo 27 : L’écrit du Dr. Rebattu. Le médecin-major Rebattu est médecin au 217e RI. Il reçoit ce bulletin et souvent écrit à l’abbé Pelissier. Dès septembre, il est au courant de la tragédie de Ménil. Ainsi, dans le N° 63 de février 1915, il témoigne de son passage  sur le terrain, juste après la fin des combats :

« J’ai reçu le dernier bulletin du patronage. J’ai lu avec intérêt les lettres de Bertin Tron. La lettre du curé de Ménil m’a également intéressé car les combats dans cette région au nord et à l’est de Rambervillers ont duré du 25 ou 26 jusqu’au 12 septembre. C’est le 12 au matin que les six régiments de la 71e division (dont fait partie le 217e RI) avec quelques bataillons de chasseurs ont achevé de repousser les Allemands, qui, ayant appris leur échec sur la Marne, avaient reçu également l’ordre de se replier.

Le 12 au matin donc, nous avons traversé le champ de bataille de Ménil et d’Anglemont où pendant 15 jours, on s’était battu sans pouvoir seulement enterrer les morts et, c’est le spectacle le plus navrant que j’ai jamais vu : cadavres à demi-momifiés, horriblement mutilés, chevaux éventrés, débris de fusils, de baïonnettes, vêtements en lambeaux, routes et prés creusés d’immenses trous d’obus. Sur la capote des morts, j’ai bien lu souvent le N° 157. Mais il fallait aller de l’avant ; le soir, nous couchions à Baccarat d’où les Allemands venaient de partir. 

On remarquera qu’il est en deuil de son frère Paul tué en août 1915 au Linge dans les Vosges et qu’il compte déjà un an et demi de présence sur le front grâce aux chevrons de l’épaule d’où photo datant sans doute de septembre 1915.

Diapo 28 : la liste des 49 Ubayens tombés à Ménil.

Voici cette liste des 49 Ubayens tombés à Ménil. 41 d’entre eux  sont enterrés dans la nécropole de Ménil.

10 autres Ubayens sont également décédés au cours de ces 19 jours de combat. Beaucoup d’autres Ubayens sont faits prisonniers : citons Gédéon Gas de Rioclar, Joseph Barneaud de Barcelonnette, Jean-Baptiste Assabo de Saint-Vincent, Adrien Caire de Faucon, Henri Hugues de Pontis et Jean-Louis Goirand de Tounoux.

Diapo 29 : Photo d’Albert Gilly. Un exemple : Albert Gilly, né à Barcelonnette, a fait son service militaire au 140e RI de Grenoble en 1910 et termine son service militaire comme caporal. Il est cordonnier comme son père. Le 2 août, il est mobilisé au 157e RI à Tournoux. Il a 27 ans.

Diapo 30 : la mort d’Albert Gilly racontée par son copain Joseph Barneaud.

Dans le dossier des courriers de la famille Gilly de Barcelonnette, se trouve cette lettre écrite fin décembre 1914 de Stuggart d’un ami d’Albert, prisonnier des Allemands qui, une fois rétabli d’un tir de mitrailleuse dans les jambes, raconte aux parents Gilly, comment son ami Albert est parti. Par recoupement avec le journal de Barcelonnette qui cite cet écrit, on peut facilement en déduire que cette lettre écrite au crayon et difficilement lisible a bien été écrite par Joseph Barneaud, le grandpère de Georges Barneaud du Cheval Blanc. Georges a d’ailleurs reconnu l’écriture de son grand-père et ne connaissait pas l’existence de cette lettre. Voici ce qu’écrit Joseph Barneaud  : « Je viens de recevoir votre honorée du 18 courant par laquelle vous me demandez des renseignements sur la mort de votre cher fils, mon cher ami Albert. J’aurais voulu vous écrire plus tôt pour vous porter

Diapo 31 : un peu de consolation croyant que vous étiez renseigné sur la réalité, mais n’étant pas sûr, je n’ai pas osé craignant de vous apprendre trop brusquement cette triste nouvelle et vous voudrez bien m’excuser.

Cela a été une grande douleur pour moi de le voir mourir car j’ai perdu en lui l’un de mes meilleurs amis. Depuis les débuts de la campagne, nous partagions nos ennuis et nous faisions nos petites confidences mais c’est aussi une consolation car je puis vous assurer qu’il n’est pas mort en ne faisant que son devoir et en vrai chrétien. Il est mort sans une plainte et sans souffrance, se sentant touché par une balle, il m’a appelé et je l’ai reçu dans mes bras mais je n’ai pas su où il avait été touché : pas une goutte de sang apparente et pas de réponse à mes questions.

Ses seuls mots qu’il a prononcés sont : « ma mère » eh oui ! Quand je lui dis : « Penses bien au bon Dieu ». Tout cela s’est passé en moins de 30 secondes au moment où je lui joignais les mains, j’ai eu les deux cuisses traversées par une balle mais lui était mort et je croyais mourir à ses côtés. C’est grâce à un petit abri qui se trouvait à moins de deux mètres de là où je me suis glissé et ai passé ma journée si je suis en vie. Il était environ 07 h du matin et j’ai été recueilli vers la nuit par des Allemands qui m’ont bien soigné et je suis complètement guéri maintenant.

Diapo 32 : Toute la journée, mon regard a été vers lui et il me semblera longtemps le voir encore.

Ce serait une grande consolation pour vous si vous aviez pu le voir tellement il s’était éteint en souriant et il était endormi et bercé par un doux rêve.

C’était le 28 août à 500 m environ de Ménil-sur-Belvitte. J’aurais été heureux d’avoir des nouvelles de votre cher Paul. Que Dieu le protège ! Puisse ma lettre vous apporter un peu de consolation.

Recevez cher Mr. et Mme. Gilly mes condoléances et mes meilleures amitiés. »

Diapo 33 : vue du sud du village, route de Rambervillers que les Allemands n’ont pas atteint ce qui permet de se faire une idée du paysage à cette époque. Carte annotée par Paul Gilly, de passage en permission à Ménil en janvier 1917. Il écrit :

 « C’est à 200 m environ de la sortie sud du village, en suivant cette route, et à 40 m environ à gauche que se trouve la tombe du pauvre Albert »

Diapo 34 : autre carte annotée par Paul sur l’emplacement de la tombe d’Albert

Diapo 35 : Tableau du bilan des pertes du régiment durant ces dix-neuf jours de la bataille de la Mortagne. Il s’élève à 1 180 pertes, soit l’équivalent d’un bataillon.

Diapo 36 : Incroyable sens de la communication » de l’abbé Alphonse Collé

De la Diapo 37 à la diapo 41 : les cimetières créés par l’abbé Collé. L’abbé Collé crée tout autour du village pas moins de 8 cimetières et dès 1917, il pense à les réunir en un seul endroit à la fin de la guerre.

Diapo 42 : Identification des corps et sépultures provisoires. Pendant plus de trois années, il va s’occuper à identifier les morts. Ainsi, il a rempli plusieurs registres d’identification.

Sur cette page quelques renseignements sur Virgile Blanc de Barcelonnette.

Diapo 43 : registre d’identifications suite : ici Eyssautier de Saint-Vincent, Louis Beraud et Jean Guener de Jausiers et Marius Gastinel de barcelonnette.

Diapo 44 : Liste des morts : ici l’inscription d’Albert Gilly et d’Edouard Gastinel de Revel.

Diapo 45 : Une autre liste dans un autre registre des morts de l’Ubaye. Eugène Voituret résidant à Barcelonnette – Joseph Fabre d’Uvernet – Louis Béraud  de Jausiers et Félix Chiardola de Barcelonnette

Diapo 46 : photo d’un croquis de l’abbé. Un des nombreux croquis afin de repérer l’endroit des tombes.

Diapo 47 : remarque sur les sergents. Souvent le commandement lui dépêche des personnels dans ce travail. Ici, une confession curieuse :

« c’est toujours la même chose, pagaille. Sergents de tout acabit aimant beaucoup mieux les « poules » de Baccarat que leur devoir, n’ayant d’ailleurs aucun goût et, malgré toutes mes complaisances, n’ayant à mon endroit que des impolitesses. Je ne sais rien que ce que je veux savoir. Pauvres familles, en quelles mains sont leurs enfants !

Diapo 48 : Une réponse de l’abbé Collé à la famille Gilly Très tôt, les familles lui écrivent, demandent des renseignements, envoient de l’argent pour célébrer des messes, voire des graines pour fleurir les tombes. Dès qu’il précise aux familles que leur fils est enterré, des plaques en laiton ou des cœurs en émail sont souvent envoyés par les parents pour les mettre sur les croix afin de leur assurer plus de dignité. Carte du 30 novembre 1914 adressée à la famille d’Albert Gilly :

«   Il est bien vrai que Ménil sert de tombeau aux restes d’Albert Gilly, classe 1907, caporal au 157. Il a été reconnu en ma présence le 22 novembre 1914 et sa dépouille que vous retrouverez est marquée d’une croix portant avec son nom, un signe qui ne s’effacera pas. C’est un numéro au fil laiton N°185. Je vous demande, chers parents, de me croire à la hauteur de ma noble mission tenant ici votre place et rendant à vos

Diapo 49 : suite :  enfants martyrs tout l’honneur qu’ils méritent. Vous le saurez plus tard, un musée est déjà fait en leur mémoire et chaque jour au StSacrifice, je les recommande à celui qui est mort pour l’humanité, comme sont morts pour la plus belle des patries, la France. Dans votre douleur, Monsieur, relevez la tête, votre nom est glorifié par ce sacrifice.

Je demeure tout dévoué et vous prie de me faire confiance car je signe :

                                                                       Le pasteur de vos enfants. Alphonse Collé

Diapo 50 : Lettre d’avril 1915 d’Aglaë Esmieu qui demande des nouvelles de son frère Jean-Auguste.

Ses parents probablement ne savent pas trop bien écrire. C’est donc leur fille Aglaé qui écrit à l’abbé Collé :

Étant sans nouvelles de mon frère le nommé Esmieu Jean-Auguste de Mademoiselle Esmieu.depuis le 27 août, n’ayant jamais pu obtenir de après maintes recherches, je viens solliciter votre bonté de vouloir bien un peu nous faire savoir si vous en aviez jamais entendu parler car

Diapo 51 : Suite de la lettre : Ayant appris que la bataille du 27 août s’est bien passée dans le Ménil aussi si toutefois vous saviez quelque chose, vous voudrez nous en donner connaissance le plutôt possible car nous sommes vraiment trop dans la tristesse au sujet de mon cher frère.

Son régiment était le 157e RI 13ème compagnie 4ème bataillon, son matricule était 6636 dont je me souviendrais toujours. En vous remerciant d’avance avec le grand espoir d’avoir satisfaction sur votre réponse au plutôt car beaucoup de personnes m’ont dit et conseillé de vous écrire car vous avez déjà soulagé beaucoup de gens comme nous dans la désolation et que maintenant sont rassurés sur le sort de leur fils ou de leurs frères.

Veuillez agréer, Monsieur le Curé, mes meilleurs sentiments.

                                               Mademoiselle Esmieu Aglaè au Martinet de Méolans (Basses-Alpes)

De la Diapo 52 à la 54 : le musée de l’abbé Collé : Il crée son musée en récupérant objets, documents, obus, armes, tenues, casques etc. Au plafond, il fait dessiner une carte de la zone de la bataille et tout de suite fait éditer de nombreuses cartes postales (plus d’une centaine) – Collection  du Musée Commémoratif de Ménil-sur-Belvitte. Sur celle-ci, on devine à l’époque la position de la photo du commandant baille envoyée par sa famille photo encore présente à Ménil.

Diapo 55 : Les commémorations. Dès le 2 novembre 1914 il honore en permanence ces 4 000 héros en organisant de nombreuses cérémonies dédiées à leur souvenir.

Diapo 56 : le drapeau de 1915. Toujours dans cette obsession de ne pas oublier ceux qui se sont sacrifiés à ménil, il demande aux communes des garnisons de lui envoyer des petits drapeaux pour qu’ils veillent sur les défunts, drapeaux qui sortent à chaque cérémonie. Toutes sauf Epinal répondent à son appel : il s’agit de : Dijon, Roanne, Monbrison, Aurillac, Clermont-Ferrand, Saint-Etienne, Lyon, le Puy-en-Velay, Grenoble, Chambéry, Nice, Gap, Briançon, Barcelonnette et deux villes annexées Mulhouse et Metz.

Début 1915, l’abbé Collé demande à toutes les communes concernées par ces combats où leurs enfants y sont tombés, de confectionner pour le musée un drapeau, ce qui permettra de rendre un hommage éternel à ses héros et de perpétuer leur souvenir. Celui de Barcelonnette a été confectionné en drap par les petites filles des écoles. De Barcelonnette. Au centre, la mention suivante est brodée en lettres dorées :

« Barcelonnette

à ses héros de Ménil s/Btte 28 août 1914 ».

Ce petit drapeau sera présent au 2e anniversaire de 1916 et reste à Ménil jusqu’en 1918, date à laquelle, il est vraisemblablement revenu en Ubaye. De temps en temps, avant la seconde guerre mondiale, il participait vraisemblablement aux diverses cérémonies. Depuis, il était soigneusement rangé dans le deuxième tiroir de la sacristie. Personne ne le savait. Mme. Tavozzo d’AixenProvence, parente de Félix Chiardola, lui aussi tombé à Ménil, se rappelait l’avoir vu quand elle était une petite fille.

Il a été retrouvé début août de cette année et présenté à la messe du dimanche 28 août 2011. Il était ce matin sur les rangs.

Diapo 57 :Vue d’un extrait du journal de Barcelonnette, fin septembre 1917 où on peut y lire la lettre de l’abbé Collé demandant un nouveau drapeau. Dans sa lettre du 16 septembre 1917, il écrit :

 « Vous devez savoir tout ce qui se passe en ce Ménil où tant de vos concitoyens sont tombés au champ d’honneur. Les journaux vous ont déjà renseignés sur le caractère grandiose de la cérémonie du 28 août : certains ont cité parmi les drapeaux des villes : Lyon, StEtienne, etc., celui de Barcelonnette. Il y était en effet, le petit drapeau confectionné par les petites filles de la ville ; il passait même le premier et faisait bonne figure auprès des grands frères de Grenoble, Chambéry, le Puy, St-Etienne…

Je viens donc, Monsieur le Maire, au nom de mes enfants du 157e, vous adresser ma requête… (de vous demander un drapeau officiel en soie et aux armes de la ville)… Au cours des cérémonies patriotiques, je fais incliner ces drapeaux sur nos cimetières militaires et en temps normal, ils montent avec moi la garde d’honneur au musée de la bataille fondé deux jours après la retraite allemande dans une des pièces rougi ede sang alpin d’une bataille de 19 jours et de 18 nuits. » 

Diapo 58 : vue d’un extrait du cahier de délibérations de la commune de Barcelonnette en septembre 1917 où suite à la demande de l’abbé Collé de confectionner un deuxième drapeau aux armes de la ville, le conseil vote oui à l’unanimité. Ce drapeau sera réalisé par les dames de la Croix-Rouge.

Diapo 59 : nouveau extrait du Journal de Barcelonnette concernant la présentation du nouveau drapeau lors de la messe du 22 mars 1918, le nouveau drapeau ayant été béni par l’abbé Chabot.

Diapos 60 et diapo 61 cartes du 4ème anniversaire. Où l’on voit effectivement la présence du drapeau de Barcelo au 4ème anniversaire d’août 1918.

Diapo 62 : Photo du drapeau d’août 2010. Le drapeau de Barcelo retrouvé par mes soins le dimanche 29 août 2010. C’était sans doute la première fois qu’une délégation ubayenne se rendait à Ménil depuis des lustres. L’inscription est la suivante :

 » La ville de Barcelonnette à ses enfants « 

Morts pour la patrie

Diapo 63 : Photo Ménil 29 août 2010. Dépôt de gerbes de l’amicale avec Yvon Arnaud de Fours en août 2010. Et derrière, on distingue le « monument des Ubayens ».

Diapo 64 : vue lointaine du mémorial de Ménil.

Diapo 65 : Délibération d’octobre 1921. Extrait de la délibération d’octobre 1921, suite à la lettre du 3 octobre 1921. Le conseil municipal décide cette fois-ci d’accorder 100 Francs pour la création d’un mémorial à Ménil.

Diapo 66 : Reçu de l’abbé Collé en novembre 1922 inséré dans le registre des délibérations de la commune de Faucon.

Diapo 67 : Vues du mémorial vers les années 1925 les deux groupes de sculpture ne sont pas encore en place. Il sera inauguré en 1927.

Diapo 68 : vue du mémorial

Diapo 69 : détails du monument. En haut, à droite, à gauche et en bas.

Diapo 70 : détail des Alpins partant à l’assaut. A gauche un Alpin du 157 et à droite l’Alpin du 97e RI  de Chambéry.

Diapo 71 : Vue générale de la nécropole

Diapo 72 : Les tombes d’Albert Gill, en 1917 et actuellement.

Diapo 73 : Tour de France Lors du tour de France, Jean-Pierre Chevallier, présentateur historique du Tour a évoqué le monument des Ubayens.

Diapo 74 : Tour de France suite :

Diapo 75 : Reconstruction de l’église. Enfin, parallèlement à l’édification du mémorial, l’abbé Collé fait reconstruire l’église en 1925 et deux vitraux sont consacrés à cette page tragique de l’histoire de son village.

Le vitrail de gauche représente des anges qui envoient des palmes au-dessus du mémorial et de la nécropole et sur celui de droite, Jeanne d’Arc, très vénérée en Lorraine veillent sur des combattants qui vont partir à l’assaut.

Diapo 76 : parution du Livre. Après l’hommage permanent aux  4 000 héros tombés à Ménil et à la Chipotte, la demande de drapeaux de 1915 remplacés par ceux aux armoiries et en soie des cités en 1918, la création de la nécropole, l’érection du mémorial et la reconstruction de l’église, en 1925, l’abbé Collé fait paraître un livre intitulé :

« la bataille de la Mortagne,

La Chipotte, Ménil et ses environs »

Diapo 77 : Photo couverture du livre

Ce livre décrit la bataille, les différentes cérémonies et recense les noms par régiments des 4 000 tués au cours de la bataille de la Mortagne.

Sous le titre, sa célèbre devise est bien visible :

Oublier ? Jamais ?

 

Voici la page de quelques combattants du 157e RI tués à Ménil le 28 août en deux heures à peine entre 6 h et 8 h du matin.

Diapo 78 : Photo cérémonie du Centenaire à Ménil. Le 31 août 2014, un siècle après, à Ménil-sur-Belvitte, Georges Barneaud est fier et ému de porter le drapeau de Barcelonnette de 1918, en hommage aux combattants de Ménil mais aussi à tous les autres poilus de l’Ubaye.

Dernière diapo 79 Et sur la place du 157e RIA à Barcelonnette depuis août 1923, 509 Ubayens qui ne sont pas revenus au pays ont leurs noms gravés sur le monument aux morts de la vallée de l’Ubaye.

 

Ne les oublions pas !